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  EX: 1/30/2012
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Venue
Almine Rech Gallery, Paris
阿尔敏·莱希巴黎
Date
2017.04.22 Sat - 2017.06.03 Sat
Opening Exhibition
22/04/2017
Address
64 Rue de Turenne
75003 Paris
特伦娜街64号
法国巴黎 75003
Telephone
+33 (0)1 45 83 71 90
Opening Hours
Tuesday – Saturday 11AM - 7PM
周二至周六 11点 - 19点
Director
Aurelia Chabrillat and Antoine Ferrand
Email
CONTACT.PARIS@ALMINERECH.COM

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Ha Chong-Hyun
[Press Release]

April 22 — June 3, 2017 • Paris
Opening on April 22nd, 2017 / 6 – 8 pm

The serenity of Ha Chong-Hyun’s gestural abstraction
by Alfred Pacquement

In 1972, Ha Chong-Hyun made a small sculpture, which appears on its own as if anticipating his subsequent work as a painter. It consists of a hemp rope stretched across a wooden box so tightly that a few unraveling strands threaten to break the entire cordage. Extremely effective, the composition is as simple as its material is banal. An image of great tension and resistance, it epitomizes the artist’s practice and further announces his Conjunctions, a lifelong series of paintings, which was initiated in 1974 and is still ongoing to this day.
Ha Chong-Hyun turned to abstraction in the early 1960s, belonging to the first generation of Korean artists who embraced this aesthetical direction. While he first approached it by applying heavy materials onto canvases, his way of structuring the pictorial space was also close to that of European Informel[1]. He then continued his investigation by painting geometrical and polychromatic forms, which completely differed from the works he made initially. His nation’s traditional colors dominated in these new abstractions.
In the early 1970s, the artist made sculptures for a brief period, using “poor” materials in the spirit of the time: for example, he installed a pile of newspapers next to a pile of blank sheets of paper, or he set a wooden beam upright on a rope, which he then strained between two walls. The 1972 sculpture we mentioned earlier takes us back to A.G. (Avant Garde), a group cofounded by Ha Chong-Hyun, within which he played a prominent role. All these works inevitably bring to mind Western artists of the same generation or active during the same years: to mention just a few, those gathered around Arte Povera, Post-minimalism, Supports/Surfaces, who used similar processes. A.G. also coincides with Japanese Mono-ha, which emerged around the same time and shared many striking similarities[2]. All these movements coexisted, more or less related to one another, or completely independent from one another, if not ignorant of the others’ existence. In Korea like anywhere else, the Zeitgeist alone may as well explain these similar tendencies (to some extent at least).
However, the historical context in Korea was very different from that in Europe or the United States. On the one hand, student protests, anti-Vietnam War manifestations, prolongations of the Cold War and a certain economic prosperity, which the first oil crisis was about to shake, were happening in the West. On the other hand, after having endured Japanese occupation and a devastating war with its Northern region, Korea was about to enter two decades of dictatorship, which would see a spectacular economic growth. During this difficult period for intellectuals and artists, an autonomous Korean art would eventually rise. Indeed, from then on, two opposite trends coexisted turning their back on each other, like two sides of the same coin: a politically engaged figurative trend and a predominantly monochromatic abstract one. The artists associated with the latter also sought to retrieve their nation’s cultural identity by promoting Korean traditions, yet they remained open to the world and modernity. Thus, contemporary abstraction in Korea was founded on a dichotomy.
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[1] This tendency in Korea is actually referred to as “Korean Informel.”
[2] An actual link between these two groups is unquestionably Lee Ufan. As a Korean living in Japan, he is associated with both Mono-ha, being somewhat its theorist, and Korean Monochrome painting, a group that we now refer to as Dansaekhwa.
For more information please contact Camille Blumberg: camille@alminerech.com
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La gestualité calme de Ha Chong-Hyun
par Alfred Pacquement

De 1972 date une petite sculpture de Ha Chong-Hyun qui, à elle seule, paraît anticiper la suite de son œuvre de peintre. Dans une boite en bois est tendue une corde de chanvre dont quelques brins ayant cédé sous la tension se déploient dans le vide, mettant en danger de rupture le mince reliquat de cordage. L’agencement en est simple à l’extrême, clairement lisible, et fait appel à un matériau banal. Cette image d’une forte pression sur les éléments, mais aussi de leur résistance, semble bien résumer la démarche de l’artiste, annonçant les peintures dotées du titre générique de Conjonction, entamées dès 1974 et qui se poursuivent encore aujourd’hui.
Ha Chong-Hyun s’est engagé dans la voie de l’abstraction dès le début des années soixante, appartenant ainsi à la première génération d’artistes coréens épousant cette direction esthétique. Il a d’abord abordé la toile avec des matières lourdes et une structuration de l’espace pictural proche de l’Informel européen[1]. Ont suivi des peintures toujours abstraites mais tout à fait différentes car organisées à partir de formes géométriques et polychromes au contraire des précédentes et où dominaient des couleurs issues des traditions populaires de son pays.
Au début des années soixante-dix, une courte période voit naître des dispositifs sculpturaux à partir de matériaux « pauvres » dans l’esprit de l’époque : deux piles de papier sont installées côte à côte, l’une constituées de journaux superposés, l’autre de feuilles vierges ; une poutre de bois est associée à une corde tendue entre deux murs. La sculpture que l’on décrivait plus haut appartient à ce moment qui coïncide avec l’association A.G (Avant garde), groupe dont Ha Chong-Hyun était l’un des fondateurs et où il tint un rôle éminent. En citant ces œuvres, on pense forcément à des artistes occidentaux de générations similaires, actifs dans les mêmes années, par exemple ceux regroupés autour de l’Arte Povera, du post Minimalisme, de Supports/Surfaces, qui usent de procédés comparables. On songe aussi au Mono-Ha japonais qui en est contemporain et où on relève quelques similitudes flagrantes[2]. Autant de mouvements qui se déroulent parallèlement, plus ou moins en relation, mais aussi pour certains en pleine indépendance, voire ignorance les uns des autres, et dont la proximité relève en partie de l’air du temps, pour l’art coréen comme ailleurs.
Mais le contexte historique est ici très différent de l’Europe ou des Etats-Unis. Dans ces derniers pays, l’époque est à la contestation étudiante, aux manifestations contre la guerre du Vietnam, aux prolongements de la guerre froide, et à une certaine prospérité économique qui va être bousculée par le premier choc pétrolier. La Corée pour sa part, après avoir subi l’occupation japonaise puis vécu une guerre sanglante avec son voisin du nord, va connaître deux décennies d’un régime dictatorial tout en connaissant une expansion économique spectaculaire. C’est dans cette période difficile pour les intellectuels et les artistes que va pourtant naître un art coréen autonome dont les deux faces opposées, comme les deux côtés d’une pièce de monnaie, coexistent en se tournant le dos : un art figuratif d’expression politique et militante d’une part, un courant abstrait à dominante monochrome de l’autre. Il existe alors une volonté de la part de ces derniers artistes de faire également acte de résistance en retrouvant une identité culturelle fondée sur des traditions tout en étant ouvert à des contacts extérieurs et à la modernité. L’art abstrait contemporain se fonde en Corée sur cette dichotomie.

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[1] Tendance qualifiée en Corée de « Korean Informel ».
[2] Lee Ufan est incontestablement celui qui fait le lien entre les deux groupes. Coréen vivant au Japon il est à la fois associé au Mono-Ha, dont il est en quelque sorte le théoricien et à cette famille de peintres coréens monochromes que l’on regroupe aujourd’hui sous le nom de Dansaekhwa.